La Bible parle-t-elle d’écologie ?

"Comment la Bible parle-t-elle de la Création?

En quoi l'écologie concerne les chrétiens"             

Soirée animée par Françoise Lamouroux (membre du Groupe Biblique diocésain et du CCFD) le 13 mars  2015.

        La parole circule rapidement de manière spontanée autour des questions proposées pour  les dimanches de Carême. C'est en fait autour de l'émerveillement devant la nature que débutent nos témoignages: de l'infiniment petit (la lente et patiente germination d'une graine) à l'infiniment grand (l'immensité tumultueuse de l'océan), notre questionnement est le même: qui est ce Dieu Créateur, quelle est notre place au sein de sa Création? Ce que nous considérons mauvais, par exemple les "mauvaises herbes", ne serait-il pas tout simplement à la place que nous ne voulons pas lui assigner?

      Notre sentiment d'appartenance à la nature infléchit notre manière d'être et d'agir pour la respecter; il est des gestes simples pour s'occuper de son jardin, mais des modes de culture, de développement et de consommation plus exigeants.

Et que dire de notre l'impuissance face aux dégâts opérés par l'océan sur le littoral? (...et puis aujourd'hui le Vanuatu dévasté, et demain…?) Conséquences de l'activité humaine? Evolution naturelle ? Interactions de ces deux paramètres…?

     Dans la liturgie de ce jour, Osée (14,2-10) nous invite à voir dans la création un signe du pardon de Dieu. Le Dieu Sauveur est en même temps le Dieu Créateur. Mais abordons notre sujet…

La Bible parle-t-elle d’écologie ? Bien sûr que non ! Le mot écologie n’apparaît dans notre vocabulaire qu’au XXème siècle. Dans la Bible, Dieu se révèle aux hommes. La lecture de la Bible nous permet de mieux « connaître » Dieu, sa relation à ce qu’Il a créé, sa relation aux hommes. La Bible est centrée sur Dieu qui nous parle de notre relation aux autres, à sa création, de notre relation à Lui.

Genèse 1,26-31; 2,1-4a; 2, 15: Dieu trouve bonne sa création.IL crée en ordonnant, en organisant. La création n’est pas un chaos. Tout est bon, parce qu’harmonieux, y compris les monstres marins; Dieu leur a attribué une place. 

        Puis Dieu bénit les êtres animés et délègue: il confie la continuation aux vivants eux-mêmes.

L'homme est appelé à se conduire comme Dieu: respect et attention vis à vis de la création et des autres hommes, images aussi de Dieu. Transmettre la vie engage à veiller à la qualité de cette vie.

         Des termes comme « maître », « soumettez »… ont parfois cherché à justifier surexploitation, désir de toute puissance… En fait ils disent la place que nous occupons: l’homme est au centre (et non un prédateur comme l'insinue une certaine mouvance "écologique"), il a une place à part, avec une responsabilité particulière. Qu’en faisons-nous? Car il en va de notre "fonction royale ".Il faut, non pas s'emparer, mais recevoir, partager ce don de Dieu, le transmettre aux générations futures. La mentalité de "l'homme biblique" introduit dans un mouvement de gratuité.

         Dieu ensuite "se repose": il met une limite à sa toute-puissance de création. Ainsi l'homme est-il invité au repos. Il y a dans l'acceptation positive de la limite un chemin d'épanouissement et de réalisation pour l'homme. Ce thème est repris dans:

Exode 20, 8-11;23,10-11: pour rendre grâce à Dieu pour tous ses dons, il faut se décentrer, éviter l'hyperactivité et l'idolâtrie de nos propres réalisations. Il s'agit là de la "fonction sacerdotale".

La terre aussi a droit au repos. Il s'agit non pas d'accaparer, mais de lâcher-prise, histoire de Sagesse et non de morale. Le livre du Lévitique 25,1-12; 20-23 nous rappelle que nous sommes gérants, pour une gestion saine et durable de la Création à transmettre aux générations futures.

'Ô Seigneur, qu'il est grand ton nom' Ps 8 l'homme annonce Dieu. C'est là sa "fonction prophétique.

           Que la Création entre nos mains ne devienne pas Fournaise mais Buisson Ardent où, avec "les doux", nous et nos enfants, "recevrons la terre en héritage" (Matthieu 5,5)

        Cet exposé ne saurait rendre compte de la richesse de cette soirée, tant sur le plan des enseignements, que de la qualité de l'écoute et de l'échange…merci encore à notre animatrice!

Marie-José de Lacvivier