Du temps pour Dieu ?

05-08---Temps-pour-Dieu.jpg« Je ne sais plus où donner de la tête. Je cours après ma montre. Je vis à cent à l’heure. Du temps pour Dieu ? Impossible ! »

 

Que de fois ai-je entendu ces plaintes de la part de jeunes professionnels ou de parents soumis aux cadences infernales qu’impose la vie moderne. Entre le désir d’un temps à soi et les soucis qui le déjettent hors du présent, l’homme tout entier incarne le temps, un temps à deux pattes, qui va, qui vient, qui court, qui meurt. Au mitan de sa vie, le voici épuisé, rendant d’autant plus tragique le mot de Descartes : « Cette vie est brève et ne souffre aucun délai. »


Chronos obsède notre époque. Nous vivons sous le double signe de l’accélération et du changement qui s’accordent peu avec le rythme créé par Dieu dont témoigne le temps liturgique. La civilisation du surmenage est aussi celle de l’ennui. L’encombrement, la trépidation amènent chez beaucoup une érosion de la vie profonde qui se traduit par le sentiment angoissé du vide et par l’inertie affective. Quand sonne la retraite professionnelle, ils sont nombreux ceux qui passent de la situation du bourreau de travail qui n’a pas une minute à lui à celle du désœuvré qui ne sait plus comment tuer le temps. Et voici l’homme face au temps mort où s’indifférencient présent, passé, avenir. La question cruciale qui se pose au chrétien est celle de son emploi du temps, ce qui implique une saine conception des valeurs et une solide éducation à la liberté. Chaque journée se présente comme un jardin à cultiver : il s’agit de choisir le bon grain et de sarcler l’ivraie. Cela suppose du courage. L’appel de Dieu à se retirer dérange le cours ordinaire de la vie, il suspend un instant les activités humaines non pour les contester mais leur redonner force et vigueur. En s’accordant une pause spirituelle, l’homme ne case pas un machin de plus dans son agenda. Il consent à ce que Dieu travaille sa vie.


« Tu nous as faits pour toi, Seigneur. Et notre cœur est las jusqu’à son délassement », reconnaît Augustin au début de ses Confessions . L’homme est fait pour Dieu, et Dieu lui donne le temps pour se parfaire. Chaque heure affouille le temps de Dieu qui se rend présent aussi bien dans le travail que dans la prière, dans la conversation que dans le silence, dans la veille que dans le sommeil. Chaque heure sonne l’éternité de Dieu qui se donne à l’homme comme un don précieux. L’heure favorable, c’est ce que Dieu veut maintenant et qu’il signifie par le devoir à accomplir, le geste à poser, la parole à prononcer. Seul au désert ou pressé par la foule, connaissant l’angoisse et la fatigue, le Christ choisit de vivre le temps qui lui est donné comme le lieu où il se nourrit de la volonté de son Père.


De ces temps tournés vers Dieu jaillit l’éternité : ainsi, la vie de l’homme pénètre l’aujourd’hui de Dieu, elle se renouvelle comme au premier jour, s’unifie à travers des ruptures et des occupations discontinues et garde la saveur de la découverte, par-delà la monotonie des tâches journalières.


Sylvain Gasser, Assomptionniste

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