De nouveaux documents pour la catéchèse

Prenant acte de la déchristianisation et de la crise de la transmission, les responsables de l’Église de France l’organisation du catéchisme. La nouvelle démarche ne fait pas l’unanimité chez les évêques.

 

Pourquoi le catéchisme a-t-il changé en France ?

La « révolution du catéchisme » est née d’un double constat. D’une part, en raison de la déchristianisation de la société, le constat d’une crise de transmission brutale et spectaculaire de la foi, avec l’arrivée à l’âge adulte d’une génération qui n’est jamais allée au catéchisme : la foi ne se passe plus automatiquement des parents aux enfants, elle ne va plus de soi, et il faut trouver une nouvelle manière pour la proposer ( « Lettre des évêques aux catholiques de France », 1996). D’autre part, le constat, positif celui-ci, d’une forte augmentation du nombre de catéchumènes et donc de baptêmes d’adultes en France : l’Église a été elle-même surprise par cette demande nouvelle d’hommes et de femmes qui n’ont aucune ou peu de culture chrétienne, et pourtant frappent à sa porte.

Face à cette situation, il n’est plus possible de continuer à faire la catéchèse comme autrefois, avec des classes d’âges déterminées, et des parcours balisés, qui commencent à 8 ans pour se terminer avec la confirmation : il faut au contraire prévoir une transmission de la foi à tout âge, pour répondre à toutes les situations, à toutes les demandes, et qui soit l’affaire de tous, et non plus de seules « mamans catéchistes ». Dans une société qui n’est plus chrétienne, la catéchèse doit être une manière de vivre une expérience de foi, et pas seulement d’acquérir des connaissances qui ne signifient rien si elles ne s’ancrent pas dans la vie, ont estimé les évêques. Ils ont donc travaillé en ce sens sur un document, voté en 2005, le « Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France », qui fixe les grands principes d’organisation du catéchisme.

 

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Comment la catéchèse s’organise-t-elle aujourd’hui ?

Le texte national de 2005 appelait chaque diocèse à se doter d’un projet global de catéchèse. C’est en effet l’évêque qui est responsable de la transmission de la foi sur le territoire de son diocèse, et c’est lui seul qui peut donner aux divers documents son « imprimatur catéchétique ».

L’idée centrale est de « mettre la personne non seulement en contact, mais en communion, en intimité avec Jésus-Christ », comme l’écrivait JeanPaul II en 1979. Une rencontre avec le Christ, qui passe par une véritable expérience de vie de foi et de croyant. Ce texte pose alors plusieurs conditions : la transmission de la foi concerne toute la communauté, et non seulement les catéchistes (dans le jargon des spécialistes, on parle de « bain ecclésial » ). Le mystère pascal et l’écoute de la Parole de Dieu doivent être au centre de la démarche. Enfin, celle-ci doit chercher à rendre effectives chez une personne toutes les conditions pour l’accueil de Dieu (démarche d’initiation).

Le principe est désormais celui de la catéchèse pour tous, et à tout âge. On ne parle donc plus de « parcours », mais de documents, qui peuvent être de durée va r i ab l e (d e s « m o dules »), parfois de quelques mois seulement, adaptables à toutes les périodes de la vie. Ce cheminement s’adresse à tout le monde, y compris à ceux qui ne savent pas formuler une vraie demande de foi. De ce point de vue, tous les contacts avec l’Église, même épisodiques, comme pour les baptêmes, mariages et funérailles, doivent être vécus comme des temps de catéchèse, c’est-à-dire de transmission de la foi. Concrètement, le document des évêques donne quatre modes d’organisation (voir infographie).

 

Cette évolution a-t-elle fait l’unanimité ?

Non, un important débat se manifeste aujourd’hui en France autour de la catéchèse. D’abord, le document de 2005 n’a pas été voté à l’unanimité des évêques, et avait provoqué, à l’époque, pas mal de réticences. Le texte national pour l’orientation de la catéchèse, parfois jargonnant, a désarçonné. Mais l’organisation en 2007 d’un grand rassemblement national, auquel ont participé plus de 7 000 animateurs pastoraux (« Ecclesia 2007 »), a permis à ses promoteurs d’expliciter la démarche, et de lancer un véritable élan autour de la catéchèse. Dans beaucoup de diocèses, il a déclenché une grande implication de tous les responsables autour de la transmission de la foi, suscité des propositions innovantes, notamment autour du dimanche, un renouvellement en profondeur des sacrements d’initiation, comme la confirmation, et une manière de vivre les liturgies comme des catéchèses vivantes… Enfin, on a assisté à une profusion de propositions de documents catéchétiques de très bonne qualité, fruit de collaborations entre les maisons d’édition et les diocèses.

Pour autant, la démarche n’est pas du goût de tous les évêques. Cinq ans après le rassemblement Ecclesia, et sept ans après la publication du texte national , seule la moitié des diocèses environ a mis en place un projet global de catéchèse. Pour certains évêques , cette démarche d’initiation, en mettant l’accent sur l’expérience, appauvrit le contenu de la foi enseignée. Ils aimeraient revenir à un apprentissage davantage relié au Catéchisme de l’Église catholique , dont Benoît XVI veut justement fêter le 20 anniversaire, au cours de l’Année de la foi, en 2012-2013. Les tenants de la réforme, eux, expliquent qu’on ne peut opposer ainsi contenu et expérience de foi dans la mise en œuvre du catéchisme. Le contenu de la foi passe certes par un message, mais aussi par une adhésion à ce message, que seule peut donner l’expérience.

Il y a donc, comme le note François Moog, directeur de l’Institut supérieur de la pastorale catéchétique de l’Institut catholique de Paris, une « juste articulation » à trouver, pour le contenu de la catéchèse, « entre message évangélique et pratique d’une vie qui accomplit l’Évangile ».

« Il faut prévoir une transmission de la foi à tout âge, pour répondre à toutes les situations, toutes les demandes, et qui soit l’affaire de tous, et non plus de seules « mamans catéchistes».

 

Isabelle de Gaulmyn pour le journal La Croix

 

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