Une semaine pascale riche de symboles pour le pape François

03-31_pape-jeudi-saint.jpgLe pape François a imposé son style, simple et spontané, pendant cette semaine de Pâques à travers des gestes forts. Le nouvel évêque de Rome sait toucher les catholiques et les autres. Retour sur une semaine riche de symboles.

 

« Tiens, mais qu’est-ce que vous faites là ? Vous vous êtes levés rudement tôt ! Tenez, vous voulez une brioche ?» Les hommes d’entretien apostrophés par l’homme en blanc ont dû se demander s’ils étaient bien réveillés, mais oui, c’était bien le pape en personne qui venait discuter avec eux et leur apporter à grignoter… Cette anecdote sur les coulisses matinales de la nouvelle papauté en dit long sur le changement d’ambiance au Vatican. En quelques jours, le pape François a su donner un nouveau visage à la monarchie pontificale.

Sa popularité ne se dément pas. Le peuple de Rome a répondu massivement présent lors des cérémonies de la Semaine sainte, qui ont vu des centaines de milliers de personnes affluer dans les rues autour de la place Saint-Pierre ou du Colisée. Et les services municipaux ont parsemé la ville d’affiches souhaitant la bienvenue au pape François.

 

Ses gestes de la Semaine sainte, notamment la messe du Jeudi saint dans une prison pour mineurs, ont impressionné l’opinion publique, au-delà des seuls milieux catholiques. Le même jour, la radicalité de son homélie lors de la messe chrismale, durant laquelle il s’en est pris aux « prêtres tristes, collectionneurs d’antiquités ou de nouveautés », a suscité l’enthousiasme du clergé romain, visiblement ravi et presque amusé de cette franchise dans la correction fraternelle.

 

Le Christ avant le pape

Soucieux d’éviter tout vedettariat, le pape ne cherche pas à flatter les foules dans leur euphorie. Devant les 250 000 personnes réunies place St-Pierre pour le dimanche des Rameaux, c’est assis et en prière qu’il avance dans sa papamobile, au début de la messe. Une manière de rappeler qu’il s’agit bien dans cette liturgie de rencontrer le Christ, et non le pape.

Pour l’instant, il a semblé se concentrer sur sa fonction d’évêque de Rome, s’exprimant exclusivement en italien, au risque de décevoir les autres pèlerins de passage. Il faudra peut-être attendre les JMJ de Rio pour le découvrir dans un rôle de « curé du monde ». « La fonction change le personnage, estime Thierry Knecht, prêtre trinitaire installé à Rome depuis plusieurs année. Le pape François ne peut plus faire comme s’il était encore l’évêque de Buenos Aires. Il doit se couler dans son rôle de pape.

 

Un vent nouveau souffle sur le catholicisme

Pour le père Thierry Knecht, « les médias sont impressionnés par des aspects extérieurs, car le décorum a changé. Mais je crois que sur le fond, le pape François est fidèle à la pensée de Benoit XVI et à son diagnostic sur l’Eglise. »

Cet historien s’appuie sur les expériences passées. « On ne peut jamais vraiment parler de rupture d’un pape à l’autre. Chacun apporte une inflexion particulière. Ainsi, Benoît XVI a redonné une concentration théologique aux discours pontificaux, alors que Jean-Paul II s’attachait plus aux questions morales. Mais ils se complètent. Par ailleurs, les étiquettes qu’on accole aux papes nouvellement élus peuvent être largement contre-balancées par les évènements ultérieurs. » Ce fut le cas du pape Pie IX en 1846, présenté comme un pape libéral et qui s'est raidi après les révolutions de 1848, jusqu'à devenir le pape anti-moderne par excellence et être à l'origine du dogme de l’Infaillibilité pontificale.

Reste qu’un vent nouveau souffle sur le catholicisme. Lors des réunions préparatoires au conclave, Mgr Bergoglio avait impressionné les cardinaux en appelant à ce que l’Eglise sorte d’un discours « auto-référentiel » devenu inaudible. Devenu le pape François, il cherche un moyen de rapprocher les hommes d’Eglise de leur peuple, comme les ordres mendiants le firent au Moyen-Age.

Faut-il y voir un signe ? Tout au long de cette Semaine sainte, le ciel grisâtre et pluvieux de Rome ne s’est ouvert aux éclaircies que pour les célébrations papales. Un clin d’œil de « Frère Soleil », avec qui François d’Assise avait noué une forme d’amitié cosmique ?

 

Article extrait du journal "La Vie"

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