Mrg Herbreteau: "Benoît XVI, un homme d’une grande intelligence"

« Sud Ouest »: Vous attendiez-vous à la décision de benoît XVI de démissionner ?

Hubert Herbreteau. Absolument pas. Mais je l’avais rencontré, en septembre dernier, avec d’autres évêques dans le cadre de ma visite ad limina (tous les cinq ou six ans, les évêques rendent comptent au pape de la vie de leur diocèse lors de visites). J’ai vu un homme très fatigué physiquement. Malgré tout, pendant trois quarts d’heures, nous avions abordé de très nombreux sujets. C’était un homme d’une grande intelligence, un véritable intellectuel.

S.O: Comprenez-vous cette décision ?

Elle est légitime. Il y a très peu d’autres cas dans l’histoire de l’Église. Cela dénote donc une grande humilité chez cet homme qui sait reconnaître sa fragilité. Lorsqu’il déclare avoir pris cette décision « après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises », cela dénote une grande profondeur dans sa décision. Il devait y penser depuis longtemps. Il faut aussi du courage pour avouer sa fragilité, avouer ne plus penser être en mesure de mener son ministère. Il mérite pleinement son titre de serviteur des serviteurs.

S.O: Affaire Vatileak ou autres, critiques plus ou moins légitimes, pensez-vous que cela l’a usé ?

Certainement, oui. Il a dû traiter un grand nombre de difficultés. Mais c’est un pape qui a fait de grands efforts, qui a su tendre sa main aux autres religions. C’est une très grande pensée, vivante et moderne.

S.O: Que retenez-vous de cet homme et de son pontificat ?

À titre personnel, lors de notre dernière rencontre, il a longuement évoqué l’importance de la gratuité. Quand je lui ai demandé si cela était compatible avec la société moderne, il m’a répondu que, si nous voulons que nos relations soient humaines, il est indispensable d’y introduire de la gratuité et du désintérêt.

Sinon, je retiens la hauteur de vue de ses commentaires des Évangiles. Des commentaires très abordables. Il avait une immense capacité à transmettre la foi. Sans oublier son dialogue avec les autres religions ou encore son récent voyage au Liban.

Quels seront les chantiers que le prochain pape ne pourra éviter ? Il devra continuer le dialogue avec les autres religions et persévérer dans la recherche incessante de la paix.

Le célibat des prêtres sera-t-il un de ces chantiers ? Cela dépendra de la personnalité du futur pape.

À votre avis, qui sera le prochain pape ? Ce sont les cardinaux qui élisent le pape, après prières et retraites. Mais c’est L’Esprit-Saint qui choisi le pape. C’est un don de Dieu.

Propos recueillis par Grégoire Morizet pour le journal Sud Ouest