Vivre la rencontre à l’hôpital

Yves Guiochet, Rédacteur dans le Journal Paroissial, livre un bref compte rendu dans le n° de Mai 2023 d’un ouvrage récent1 qui tente de remédier au fait que les aumôneries d’hôpitaux, le quotidien des aumônier(e)s et les rencontres émouvantes avec les malades, croyants ou non, sont peu connus du grand public. Ainsi, nous avons demandé à Marie El- Wasela, paroissienne de Sainte Croix des Confluents, précisément aumônière des hôpitaux, de nous livrer quelques réflexions au sujet de son expérience personnelle. Nous l’écoutons :

« Être visiteur de personnes malades, âgées ou handicapées : des passages à vivre ».

 

I- Passer du désir d’accueillir à se laisser accueillir.

 

Lorsque l’on travaille en Église, nous avons l’habitude d’accueillir : les fiancés, les futurs baptisés, les parents d‘enfants du catéchisme, les jeunes de l’aumônerie, les familles en deuil… A l’hôpital je n’ai plus à accueillir mais à me laisser accueillir.

Être présence humaine au nom de l’Église, se tenir là, être dans l’instant : le cadre de santé m’a demandé d’aller la voir sans me donner davantage d’indications que « vous verrez… » Je rentre dans la chambre, elle n’a pas demandé la visite de l’aumônier. Elle est blottie dans son lit, dans l’obscurité. Je me présente, lui dis ma fonction. Elle me répond avec une vigueur surprenante : « vous savez, moi, je ne crois en rien ». Je lui dis : « ça tombe bien, je ne suis pas là pour vous convertir ». Elle se redresse dans son lit et me propose une chaise. Me voilà accueillie. Durant plus d’une heure elle va évoquer ses doutes, ses angoisses, ses peurs, ses culpabilités, ses questions ». La maladie engendre une grande fragilité et une grande vulnérabilité pour le patient et son entourage. Nous sommes là pour la famille et les amis aussi.

 

 2- Passer du réconfort à l’écoute.

 

Elle 82 ans. Depuis deux mois, elle est au chevet de son époux de 85 ans. Nous nous voyons presque toutes les semaines. Son mari décline lentement et s’achemine vers la fin, Au fur et à mesure des visites, elle me parle de sa vie d’épouse et de mère. La veille de la mort de son époux, elle me confiera, en larmes, une blessure d’enfance qui la fait encore tant souffrir. Être présence et écoute dans le silence par amour quand la souffrance de l’autre est trop lourde. Apprendre, visite après visite, à discerner ce que l’autre désire qui pourrait être source de vie pour lui. Je découvre peu à peu qu’une présence apaise les tensions internes.

 

 3- Le troisième passage, que je dois effectuer : ne plus aller « porter le Bon Dieu », comme je l’entends encore souvent, mais rejoindre le chemin des hommes pour, peut-être un jour, aider ceux-ci à y lire la présence de Dieu. Dans beaucoup de visites, nous ne parlons pas de foi, de Dieu ni de religion. A chaque fois, je me présente comme aumônier pour qu’il n’y ait pas de malentendus. Certaines personnes disent alors leur joie et font une demande précise : communion, temps de prière, sacrement avec le prêtre.

Pour beaucoup, la visite de l’aumônier aura été une porte ouverte d’abord sur la rencontre avec soi-même, avec le Bon Dieu de son enfance, le Créateur ou le Consolateur.               

Marie El-Wasela

 

1 BUYSE Raphaël, LAVOILLOTE Chantal, « Visitations, Vivre la rencontre à l’hôpital » Ed. Salvador

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