Homélie de Mgr Hubert HERBRETEAU pour la célébration de l’Appel décisif

Homélie de Mgr Hubert HERBRETEAU pour la célébration de l’Appel décisif à l’église Sainte-Colombe à Sainte-Colombe en Bruilhois, paroisse Sainte-Bernadette en Bruilhois, le dimanche 21 février 2021


Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1 P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15


Chers amis, frères et sœurs, chers catéchumènes,


Le plus émouvant dans la foi chrétienne est la beauté des gestes rituels. Chaque célébration reprend les 
gestes simples de Jésus dans l’Évangile, accompagnés de paroles touchantes et directement comprises par tous : lève-toi et marche, sois guéri, aie confiance, suis-moi !
Tous ces rites et toutes ces paroles, vous les avez entendues au cours de votre cheminement vers le Baptême, la Confirmation et la première eucharistie. L’Église avec des éléments de la vie ordinaire : l’eau, le vin, l’huile, mais aussi les cendres, la lumière, vous a nourris dans ses sacrements. 
Vous avez été initiés progressivement à certains gestes : le signe de la croix, l’imposition des mains, les mains jointes, la génuflexion, l’inclinaison. 
L’Église est votre éducatrice. Son objectif a toujours été de vous conduire au Christ, en veillant à ce que votre démarche se déroule dans la liberté, la joie et la paix du cœur. 
À plusieurs reprises, vous avez peut-être murmurés à la manière du psalmiste que nous venons d’entendre : « Seigneur enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route » (Ps 24). 
Chers amis, en ce jour important de l’appel décisif, en ce premier dimanche de Carême, permettez-moi de vous donner quelques encouragements à la lumière de la Parole de Dieu entendue à l’instant.


Aller au désert
« L’Esprit pousse Jésus au désert », nous dit l’Évangile. Suivons-le, nous aussi ! Aller au désert, c’est se mettre en retrait. C’est un peu ce qui vous est arrivé : pendant deux ans, parfois plus, le catéchuménat a été un temps de désert. C’est là, dans le silence, que les questions fondamentales de l’existence ont surgi. Peut-on croire encore en Dieu à notre époque, lorsque l’avenir nous échappe ? Choisir d’être chrétien, est-ce un 
chemin de bonheur ? 
Pour aborder la question de Dieu, il faut écouter les questions de votre cœur, les questions du sens de la vie. 
Tout le bruit qui vous entoure et l’agitation qui vous assaille, cela vous demande parfois un certain retrait dans le silence de votre chambre, ou dans une promenade dans la nature. 
Faire cela ce n’est pas fuir le monde mais instaurer en soi un espace d’intériorité. En quelque sorte, il faut de temps en temps aller au désert. Et aller au désert ce n’est pas déserter le monde. C’est au contraire entendre la rumeur du monde et prendre conscience que Dieu renouvelle sans cesse avec ce monde son alliance. 
J’emploie ce mot alliance à dessein parce qu’il apparaît pour la première fois dans la Bible avec l’histoire de Noé. Il signifie que Dieu a l’initiative de se donner à l’humanité dans l’amour. C’est lui qui a fait les premiers pas et vous a offert sa miséricorde. Vous étiez peut-être loin de lui, englués dans une vie mauvaise, malsaine peut-être. Et Dieu, par l’intermédiaire de chrétiens chaleureux vous a accueillis tels que vous êtes, avec votre histoire, votre sensibilité, la pesanteur de votre vie. 


La gratuité 
Il est frappant de voir que le seul moment – et quel moment ! – où le Christ emploie le mot d’alliance dans tout l’Évangile, c’est dans les paroles de l’institution de l’eucharistie : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang répandu pour vous » (Lc 22, 20). Dans cette phrase d’une grande densité, tout est dit de Dieu qui fait grâce, du Christ qui donne sa vie pour nous, rend grâce et nous invite à entrer dans l’action de grâce. Grâce, 
comme gratitude, gracieux, gratuit ! 
Il est bon de mettre la foi sur le registre de la gratuité, de la beauté et non sur celui de l’utilité. Faut-il dire alors que Dieu est de l’ordre de la gratuité ? Oui, Dieu est gratuit, à condition de ne pas le mettre dans notre existence comme les dix ou quinze pour cent de produit gratuit proposés dans les grandes surfaces pour faire acheter le reste.

La foi en Dieu est nécessaire parce qu’elle est totalement gratuite. Sans la gratuité, l’être humain est voué à la destruction. Imagine-t-on une humanité sans musique, sans sculpture, sans peinture, mais aussi sans gestes de compassion. L’amour est gratuit. Si croire en Dieu a un sens ou plutôt, si aimer le Christ a un sens, on ne peut comprendre les choses qu’avec cet aspect de gratuité. 


Creuser en soi le désir de Dieu
Ce qui tue la vie spirituelle, c’est la dispersion, le divertissement, la suffisance. Il est nécessaire de creuser le désir de Dieu. Pour cela, nous devons faire l’expérience de l’insatisfaction. 
Il y a une attente en votre cœur et à certains moments de l’existence surgissent les interrogations : pourquoi le bonheur n’est-il pas permanent ? Comment garder une capacité d’émerveillement devant la nature ? D’où vient le désir de se donner aux autres, de venir en aide aux plus démunis ?
Les uns et les autres, vous avez fait cette expérience de l’insatisfaction. Et c’est tant mieux !
Tout votre parcours de catéchumène est marqué par ce manque. On peut faire un jeu de mot et dire que la vie chrétienne doit toujours « laisser à désirer ». Évidemment, ce n’est à comprendre comme du laisser-aller, de la paresse, du n’importe quoi. La vie chrétienne demande des efforts, des renoncements, vous le savez bien.
Mais laissez le désir d’aimer le Christ grandir en vous. Soyez des insatisfaits toujours en recherche, en attente !
 
Vous n’arrivez pas à croire, dites-vous parfois ? Vous cherchez le chemin ? Ne soyez pas inquiets ! Saint Grégoire de Nysse disait : « Nous allons de commencements en commencements, vers des commencements qui n’ont pas de fin ! » Un philosophe disait par ailleurs : « Jésus est le chemin, qui met tout en chemin. » 
Vous cherchez le début du chemin. Et vous êtes sur ce chemin depuis longtemps. La foi n’est pas quelque chose qui se surajoute à la route des hommes, c’est une manière d’exister et de cheminer en humanité. 
Dans l’expérience que vous faites de la foi tâtonnante, parfois obscure, n’oubliez jamais qu’il n’y a pas de chemin à faire pour aller à Dieu parce que Dieu est déjà-là et que c’est vous qui vous étiez peut-être écartés du chemin, éloignés et absents. 
C’est d’ailleurs injuste de dire que vous étiez aux abonnés absents. Vous étiez plutôt en attente ! Les lettres que vous m’avez envoyées et que vos accompagnateurs ont écrites à votre sujet me l’ont montré et laissent inaugurer un beau parcours dans la foi !
Amen !


Mgr Hubert HERBRETEAU
Église Sainte-Colombe à Sainte-Colombe en Bruilhois, le dimanche 21 février 2021

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