« Quelques non définitifs et quelques oui essentiels »

Ce dimanche 31 juillet 2016, la communauté paroissiale de Sainte Croix des Confluents a partagé une messe pleine d'émotion, pour célébrer les 25 ans de sacerdoce du père Dieudonné. 

Il a été accueilli en ces termes :

« Pour avoir parcouru un petit bout de chemin avec vous, Dieudonné, nous avons découvert le pasteur qui vous habite, la fraternité joyeuse de l'amitié, c'est un privilège de vous avoir à nos côtés.

Nous avons tous apprécié votre sens pastoral, votre attention pour chaque personne, car vous avez vite compris que les projets se réalisent par des relations humaines et spirituelles.

C'est déjà un beau chemin parcouru qui a pris plusieurs formes et qui a permis à tant de gens de rencontrer Dieu dans leur vie à partir de votre ministère de prêtre. Gardez votre joie d'appartenir au Seigneur, vous êtes un homme de Dieu, nous en avons besoin dans l’Eglise.

Nous sommes heureux de participer et partager cet anniversaire avec vous, tous nos vœux de bonheur, et que Dieu vous garde dans sa fidélité ».

Nous lui laissons la parole :

« On m'appelle Dieudonné mais ceci est mon prénom. Mon nom complet est Dieudonné KISIMBILA MAKENGO. Je suis né le 12 Décembre 1964 au CONGO KINSHASA dans un village qui compte environ 1200 âmes à 300 km de KINSHASA.

 Je suis l'aîné d'une famille de sept enfants. Ma venue au monde est particulière : mes parents étaient désolés de ne pas avoir encore d'enfants après quelques années de mariage. Mon père était très lié avec un prêtre que je n'ai pas connu, du nom de Théodore, qui effectuait des études de théologie à Toulouse. Mes parents l'avaient chargé d'aller à Lourdes confier leur désarroi à la Vierge Marie et de la prier. C'est ainsi qu'étant venu au monde je me considère comme un enfant de Lourdes !

Le père Théodore aurait souhaité que je sois baptisé Dieu Marie. C'est d'ailleurs ainsi que j'ai été appelé pendant mon enfance. Mais le véritable prénom de Dieudonné m'a été attribué presque d'office lorsque je suis rentré en section littéraire au petit séminaire au Congo ».

Lorsque nous lui posons la question au sujet de sa vocation, il répond :

"Je n'ai pas eu de vocation soudaine et spontanée. Il s'agit plutôt d'un cheminement très progressif. J'ai eu le désir de servir comme prêtre dès l'école primaire. A l'époque, j'assistais aux visites fréquentes dans mon village d'un prêtre en soutane conduit par un chauffeur en Land Rover. J'étais impressionné par le véhicule, mais j'étais très admiratif de la soutane. Je me disais que, plus tard, je porterai la soutane!"

"En 1977, j'effectue un passage obligé par le petit séminaire de LEMFU à KISANTU. Entre 1983 et 1989, je suis des études philosophiques et théologiques au grand séminaire de MAYIDI. Puis j'étudie le droit canon de 1990 à 1993 à la Faculté catholique de KINSHASA, période pendant laquelle je suis ordonné prêtre le 27 Juillet 1991 à KISANTU. De 1993 à 2003 après avoir été nommé sur place comme prêtre, je deviens directeur du Collège Notre Dame de M'BASA-M'BOMA (ce qui veut dire la cité des pythons!!) et professeur de droit canonique au Grand séminaire.

 Enfin, c'est moi-même qui, à partir de 2003 ai demandé à aller en Belgique pour obtenir un D.E.A. (Diplôme d'Étude approfondie) en théologie à l'U.R.L. (Université Catholique de Louvain) avant de desservir en paroisse depuis 2005."

A la question de savoir ce qu'il pense qu'il faut retenir de son action et de son vécu depuis son ordination, il déclare :

"Je suis chercheur en droit de l'Homme et mon principal souci est la vie de mon peuple au sens le plus large du terme.

Par ailleurs, mon père qui était enseignant m'a sans doute convaincu, peut-être inconsciemment, que l'enseignement et la connaissance étaient essentiels à tout être humain.

A travers l'amélioration des conditions d'enseignement, d'études et d'éducation des jeunes dans mon village d'origine et dans les villages environnants, en particulier des filles qui, jusqu'à une période récente ne poursuivaient pas d'études et étaient uniquement destinées à l'aide familiale pour le ramassage des récoltes, aux tâches ménagères, à la procréation et à l'éducation des enfants, je veux rendre à la société ce que j'ai reçu. Cela fait aussi partie de ma vocation de prêtre".

                                                                                            Témoignage recueilli par J.L. Trézéguet